01/07/2013

Ironman Finishers : 2 mots pour tellement d'émotions !

Nous voici plus d'une semaine après cet instant magique, celui où toute la douleur disparait instantanément (ou presque) pour laisser la place au simple sentiment d'avoir accompli quelque chose d'un peu en dehors du commun. Vous le savez déjà, cette journée n'aurait pas pu mieux se passer pour nous : aucun pépin, une performance sportive au-delà de nos espérances et surtout après coup cette sensation si particulière de légèreté et bonheur...
Retour en détails sur les dernières heures avant le départ, la course et les instants si particuliers qui ont suivis. Le challenge est grand de réussir à retransmettre les émotions si fortes que nous avons vécues alors qu'il ne s'agit pour nous que d'un hobby, de sport, c'est ça l'aventure Ironman : faire vivre à des sportifs amateurs des moments sportifs extra-ordinaires.



            


Les dernières heures sont les plus longues


Nous nous étions quittés samedi midi avant un bon repas entre potes et athlètes à l'appart', quand je dis bon repas je ne parle pas que de pâtes natures ! Une pseudo sieste dans la foulée histoire de respecter un des piliers de la préparation puis il est l'heure de préparer tous les sacs de transition et ravitaillement perso. Pour les non-initiés, voici la liste des sacs :


  • Sac bike : les affaires dont nous avons besoin pour les 180km de vélo. Nous faisons l'épreuve en tri-fonction (sorte de combinaison très légère), pour la natation nous mettons au-dessus une combinaison Néoprène qu'il nous faudra enlever donc et mettre dans ce sac bike où nous mettons : chaussures de vélo, casque, lunette...
  • Sac run : c'est le sac que nous récupérons à la transition vélo -> course à pied. Nous y mettons donc : chaussures de running, casquette ou visière, ...
  • Sacs ravitos perso : nous en avons un sur la partie vélo et un sur la partie marathon. Ils nous servent à mettre surtout des aliments que nous ne pouvons pas mettre sur notre vélo ou des choses qui ne sont pas présentes sur tous les autres ravitos de l'organisation : de mon côté j'y ai mis des petits sandwichs pain au lait avec blanc de dinde et fromage. Ce ravitaillement perso est situé au 70ème kilomètre du parcours vélo en haut du Col de l'Ecre, il faut poser pied à terre, récupérer ce qu'il y a dans le sac et repartir sans le sac. Pour la partie marathon peu de gens l'utilisent, au cas où j'avais remis un pain au lait dedans mais je ne l'ai pas pris.


Les affaires de Clément...

Ma petite femme récupérée à la gare, derniers préparatifs encore et toujours et gros stress pour moi d'oublier quelque chose. Finalement nous nous dirigeons vers La Promenade des Anglais où se situe l'immense parc à vélo (2800 vélos à stocker...). Comme un signe du destin (ou pas !!), je rentre dans le Parc juste derrière Fred Van Lierde (futur vainqueur pour la 3ème fois de suite) et assez mécaniquement tous les athlètes positionnent leur vélo à leur emplacement : on dégonfle les pneus pour ne pas qu'ils explosent au soleil, on positionne la chaîne sur la bonne vitesse pour ne pas partir avec le plus gros braquet, une belle couverture jaune pour les protéger d'une éventuelle pluie et hop on passe à l'étape suivante. Il s'agit de déposer les fameux sacs transition, puis de se faire marquer notre numéro de dossard sur la peau, puis de récupérer notre puce électronique (pour le chronométrage) et ensuite direction un bon petit resto...






Les sacs de transition "bike" que nous récupérerons à la sortie de l'eau

La pizza ce sera pour demain, ce soir c'est pâtes ou riz ! Durant le repas les copains déjà Ironman nous font part de leur expérience, astuces et surtout anecdotes ou points d'attention qui nous font bien peur ! Franchement, c'est au cours de ce dîner que je me rends compte à nouveau de la course qui nous attend le lendemain. Jusqu'alors durant la semaine j'étais pris dans l'événement, dans le concept général d'un Ironman mais j'en avais presque oublié qu'il y avait vraiment 4km à nager, 180km à rouler et un marathon à courir.

Bref c'est très excité et un peu anxieux qu'on se retrouve au lit à 22h et là je passe la nuit la plus affreuse depuis très longtemps ! Je ne m'endors pas avant 2h du mat', réveil à 4h15... Trop chaud, la tête trop pleine de questions, des moustiques, ... affreux ! Donc je suis bien content quand le réveil sonne car enfin nous y sommes, c'est le jour J ! Et le manque de sommeil ne m'inquiète pas du tout, je sais que cette dernière nuit n'est pas très importante et que je n'avais pas de carence de sommeil particulière avant.


Le calme avant la "tempête"...

Des dernières minutes bien fébriles


Le petit déj' est copieux en ce qui me concerne : riz au lait avec raisins préparé la veille, un petit morceau de gâteau de semoule (il en reste encore !), une part de gateau sport... je suis déjà en mode "Tout sauf l'hypoglycémie !". Mais je ne parle pas beaucoup et CE s'affaire sur la confection de tous ses bidons. Au dernier moment je lui pique un peu de son "alimentation liquide", j'y reviendrai. Nous partons tous les 4 avec nos supportrices de choc courageuses de se lever si tôt, je fais de moins en moins le malin !
Bientôt nous sommes dans le parc à vélo, on regonfle, on vérifie que tout est bien sur le vélo (chambres à air de rechange, gels, ...), on fait semblant de sourire pour les photos puis on cherche à sortir du parc à vélo. La speaker fait monter la pression avec les annonces successives "fermeture du parc dans 15 minutes", "...dans 10minutes", "Départ dans 15 minutes"... Nous sommes ensemble avec CE et je ne veux pas le lâcher ! Trop stressé par ce départ natation dont nous avons vu déjà beaucoup d'images, c'est surtout mon point faible a priori et j'ai peur de me retrouver dans la masse et de sortir avec un temps "catastrophe". Nous arrivons enfin sur la plage, nous nous positionnons tous les 2 dans le sas "-1h06", les combinaisons sont bien fermées et nous regardons les pros partir à 6h25. La musique d'ambiance monte, les speakers sont déchaînés et le compte à rebours qui est des plus stressants est désormais annoncé en secondes. Dernières embrassades musclées mais fébriles avec frère avec toute l'intensité de l'instant et puis...


C'est parti !!!


La sirène retentit, en quelques secondes nous sommes dans l'eau, je suis juste derrière CE et pendant peut-être une minute ou deux je ne le lâche pas.
Honnêtement lorsque nous sommes dans l'eau nous ne pensons qu'à une seule chose, c'est d'avancer le plus vite possible dans la direction dans laquelle la majorité des athlètes semblent aller. Résultat : il peut y avoir des erreurs de "navigation", CE comme moi nous passerons d'ailleurs à la gauche d'une bouée qui n'étaient en fait pas à franchir... quelques dizaines de mètres en plus mais rien de méchant.



Vidéo prise par un drone (départ natation amateurs puis images de Van Lierde)


Je donne un gros coup derrière la tête à un nageur à côté de moi, sans faire exprès bien entendu, je prends le temps de m'excuser et repars avec de très bonnes sensations de glisse et dans le rythme niveau respiration. Après un petit moment à nager ma combinaison se retrousse sur ma manche gauche et j'ai d'un coup peur de perdre ma montre, je sens la vibration qui indique qu'un bouton a été activé : je suis trop énervé ! Effectivement je suis quelque peu devenu addict de ma montre et des analyses des "traces" de mes entraînements sur internet, et penser que je n'aurai pas la trace de mon Ironman me donne un vrai coup au moral (ça paraît fou mais le stresse et l'excitation est à son paroxysme et je pense que je sur-réagis légèrement...). Toujours est-il que l'espoir n'est pas perdu puisque ma montre est juste passée à l'étape d'après et donc continue d'enregistrer le tracé GPS. Mais surtout c'est à ce moment là que je regarde le chrono pour la 1ère fois et je vois 27 minutes ! Je pensais que nous étions partis depuis un petit quart d'heure, je suis donc content car je trouve que cela passe vite et je me sens en forme, alors que la natation concentrait mes plus grosses craintes. Je suis en revanche assez désorienté et mêmes quelques mouvements avec la tête en dehors de l'eau en regardant devant ne me permettent pas de me repositionner dans l'espace. Je continue donc assez "bêtement" à suivre les nageurs devant moi, sans pour autant réussir à trouver un bon "poisson pilote" qui m'aurait permis de profiter d'une aspiration.
Enfin nous revenons vers la plage et je visualise la fin de la 1ère boucle, sortie à l'australienne rapidement négociée avec remise en place des lunettes et du bonnet puis c'est reparti pour la 2nde boucle. Je commence déjà les calculs pour connaitre en combien de temps je vais sortir de l'eau, je crois déjà comprendre que je suis plutôt bien par rapport à l'objectif et donc cela me permet de faire descendre un peu la pression et de nager un peu plus vite (c'est ce que je crois en tout cas).
Finalement mon temps natation sera de 1h08, un peu moins de ce que j'avais prévu. Le plus important c'est surtout que je ressens une sortie d'euphorie au moment où je sors de l'eau : la natation c'est fait, plutôt bien fait, je cours en doublant pas mal de gens qui marchent, enlève ma combinaison et enfile casque et lunettes rapidement puis pars en courant chaussures de vélo à la main en direction de mon vélo !

CE prend son vélo après un temps natation de 1h01'55"

Une transition natation -> vélo en 5'04" : pas mal du tout pour moi !

Nos supportrices me crient que CE est 4 ou 5 minutes devant moi (6 min en fait), ce qui me confirme que ma natation n'était pas mauvaise du tout puisque je pensais prendre minimum 10 minutes de retard sur lui sur cette partie.




Une partie vélo rêvée ou presque...


Je pars donc sur la partie vélo avec une énorme envie, c'est juste du plaisir à 100% qui s'offre à moi, je reste très concentré avec une idée fixe dont je ne dévierai jamais pendant tout le parcours : faire cette partie vélo sans jamais forcer.

Go pour 174km de vélo !
Et dès le départ je souffle à fond pour profiter de ces moments, jette un coup d'oeil sur cette promenade qui risque de nous faire tellement souffrir dans quelques heures quand nous aurons posé le vélo et déjà je me force à ne pas appuyer trop fort sur les pédales et à rouler tout en vélocité sur toute la partie plate jusqu'à la 1ère difficulté (Côte de la Condamine, 500m à 10% au 20ème km).
Mais l'incroyable se produit un peu plus tôt. Je remarque un athlète avec un dossard mis à l'envers, je songe à lui dire pour ne pas qu'il se fasse pénaliser par un arbitre bêtement, arrive à sa hauteur et le dépasse légèrement et j'entends un "Oh Pierre ça va ?!" : c'est Hervé que je viens de rejoindre ! Le 4ème acolyte de notre aventure est bel et bien là et je suis aux anges de pouvoir partager quelques mots avec une tête bien connue. Nous effectuerons en fait tout le parcours jusqu'au pied du Col de l'Ecre ensemble puisque nous avons sensiblement le même rythme. Nous arriverons notamment en même temps sur le lieu du drame dans la descente après Tourettes sur Loup, quelques minutes après la chute d'un athlète britannique de 30 ans, nous le voyons inanimé, étalé par terre à quelques centimètres de nous, c'est un véritable choc pour moi. Je ne sais pas encore à ce moment là qu'il est décédé mais je comprends que c'est très grave et ça me calme d'un coup, un bon petit moment de flottement s'en suivra et son visage me restera en tête longtemps.

La course continue pour autant et les premières pentes du Col de l'Ecre s'offrent à nous.
Fidèle à ma stratégie, je laisse Hervé prendre de l'avance, je ne le vois plus mais ne m'emballe pas du tout et monte l'Ecre tout en vélocité ; dès que c'est un peu plus dur je mets une dent de plus pour ne pas forcer davantage. Je me pose quand même quelques questions dans l'ascension en me demandant si je ne "gère" pas trop et si je ne suis pas en train de perdre du temps inutilement. J'arrive donc en pleine forme en haut du Col, pose le pied à terre pour récupérer mes fameux petits pains au lait préparés le matin même et repars sans perdre de temps.
Je connais bien le piège des faux plats après le col et les aborde donc toujours aussi tranquille en en profitant pour bien m'alimenter. Il faut dire que jusqu'à maintenant je n'ai pris qu'une seule petite barre énergétique et de la boisson énergétique également. "L'alimentation liquide" piquée à CE est une vraie réussite. Sur une épreuve aussi longue c'est très agréable de pouvoir "boire" quelques chose de plus épais que de la simple boisson, surtout quand on sait que cela nous nourrit vraiment !
A nouveau je rattrape Hervé sur ces portions plus plates puis nous faisons pendant plusieurs kilomètres l'accordéon. Cette phase est celle où j'aurais les moins bonnes sensations, les successions de faux plats montants et descendants ne sont définitivement pas mon fort et surtout le compteur ne décolle pas pour de bon alors que j'aimerais désormais que cela passe plus vite. Bonne nouvelle en revanche : le temps est toujours couvert voire même un peu frais, j'ai quand même la conviction que nous souffrirons plus tard de la chaleur sur le marathon donc tout ce qui est pris est pris.


On approche de l'aller/retour d'une dizaine de kilomètres situé au Col de Vence. C'est une portion très plate cette fois et très roulante. Je me poste donc sur le prolongateur pour de bon et guette les cyclistes arrivant dans l'autre sens, je rattrape Hervé qui avait repris quelques longueurs d'avance puis croise Clément d'abord puis quelques instants plus tard CE : ça fait plaisir de voir que tout le monde est là et a l'air en pleine forme. Grosso modo je pointe Clément à 9 ou 10 minutes devant moi et CE à 4 minutes. Ca me plait et c'est plutôt conforme à ce que j'avais imaginé.
Je me sens en tout cas à nouveau très bien sur ces portions roulantes d'autant plus que je sais qu'il ne reste maintenant que très peu de difficultés, rien en fait mis à part la petite Côte de Coursegoules. Je décide du coup (et enfin) d'appuyer un peu plus sur les pédales sans bien sûr me mettre dans le rouge, loin de là. La descente se passe très bien, je pense surtout à continuer à m'alimenter et bien boire. Dans les portions de pure descente je suis très à l'aise et parfois ralenti par des concurrents ne connaissant pas du tout les virages que j'ai la chance d'avoir déjà repérés.
J'en profite pour bien faire tourner les jambes puis c'est la portion de faux plat le long du Var qui s'offre à moi et dans la foulée le retour sur La Promenade... grand moment que de voir déjà les quelques athlètes en train de courir sur la partie marathon, notamment les premiers ! Je croise Clément qui a déjà dépassé le 2ème kilomètre puis un peu plus tard CE qui débute la course à pied.

La fin du vélo...:





Ca fait aussi plaisir de retrouver des spectateurs et l'ambiance de la course et d'entendre crier son prénom ! J'arrive pour la 1ère fois à une transition bike -> run à enlever mes chaussures tout en étant encore sur le vélo (le signe s'il le fallait que cette journée se passe admirablement bien).
















Le saut dans l'inconnu


La transition se passe sans encombre, je prends quand même le temps de m'asseoir pour changer de chaussures et repars aussitôt en courant sur le tapis bleu et puis ça y est : le marathon commence sous les encouragements (les cris en fait) de nos femmelettes très attentives !



Début du marathon pour CE
Fin de la 1ère boucle pour PH












Je déclenche ma montre pour passer en mode course à pied mais ni l'allure moyenne ni la distance ne s'affichent... je passe le 1er kilomètre à galoper à ce que je suppose être une bonne allure mais surtout en essayant de faire en sorte que ma montre fonctionne. J'arrive quand même rapidement à me raisonner et à lâcher l'affaire, les kilomètres sont bien indiqués sur le parcours et deux infos s'affichent correctement sur mon écran : le chronomètre (l'essentiel quoi) et mon allure instantanée. Cette dernière n'est pas très fiable car oscille énormément mais pour le moment je ne passe jamais au-dessus des  5'/km.




               




Ravitaillements : déjà des moments indispensables


Je passe au 1er ravitaillement en mouillant sous les douches ma visière et en buvant un peu d'eau et cola. Concrètement il y a un point de ravitaillement tous les 1,8km, rapidement je comprends qu'ils seront juste indispensables.

Mentalement j'aborde le marathon de la façon suivante : la 1ère boucle devrait vite passer puisque les sensations sont bonnes et que c'est un peu la découverte du parcours (en configuration course), la 2ème risque d'être a priori la pire puisqu'on ne peut pas se dire qu'on a fait plus de la moitié et qu'il en reste beaucoup derrière... je suis persuadé que les 3ème et 4ème boucles seront plus faciles dans la tête avec la possibilité d'entrevoir la fin de la journée !

Finalement ce fut quelque peu différent. Dès le début du marathon, avec ce temps de 5h41' sur la partie vélo je sais que mon objectif est très clairement de ne pas craquer pour finir en-dessous des 11h. Un marathon en 4h me semble tout à fait à ma portée et cela me permettrait d'être aux environs de 10h58'.

Après un 1er aller sur La Prom, je passe aux 5km en moins de 23minutes, j'ai désormais la certitude d'être quand même un peu trop rapide et de toutes façons cela tombe bien car déjà je sens que je ne vais pas tenir ce rythme longtemps. Mais par rapport à un marathon en 4h ça fait toujours quasi 5 minutes de gagnées !
Je garde une allure correct sur le retour de cette 1ère boucle, après coup les chiffres donnent mon 1er 5,3km en 23'31" (4'40"/km) et les 5,3km suivants en 26'26" (5'02"/km). Mon sentiment est que cette boucle nous emmène quand même bien loin vers l'aéroport et l'image qui me restera toujours en tête est le toit du Negresco tout au bout là bas... mon Dieu que c'est loin ! La 2ème boucle se passe sans encombre, j'ai l'impression de tenir un rythme correct qui me maintient en tout cas bien en-dessous de mes 4h visés puisque ma montre m'indique souvent des allures autour des 5'30" au kilo.


Le coup de moins bien


Mais à l'approche de la fin de cette 2ème boucle, j'entends la femme d'Hervé qui l'encourage juste derrière moi et le vois revenir vers moi ! Je ressens pile à ce moment là un vrai coup de moins bien, le premiers de la journée, Hervé arrive à ma hauteur et me dit de m'accrocher : c'est ce 3ème tour qui fait très mal... Tout l'inverse de ce que j'avais imaginé, oui mais voilà ce n'est pas juste une question de visualisation mentale le marathon de l'Ironman c'est avant tout 42,2km à courir sous un soleil qui désormais cogne très fort. J'arrive au 1er ravitaillement de cette 3ème boucle avec la décision déjà prise de marcher pour la 1ère fois. Je passe aussi pour la 1ère fois complètement sous la douche pour faire descendre ma température, je prends un gel, je bois un peu plus qu'avant puis recommence de suite à courir car il le faut ! Et le "miracle" (qui n'en est pas un puisque nous sommes nombreux à connaitre cette impression) se produit, je me sens bien mieux et à nouveau ma montre indique des allures bien plus acceptables aux alentours de 5'40". N'empêche que ce coup de moins bien que j'ai réussi à négocier correctement a été riche d'enseignements et que je sais désormais que la douche froide est très salvatrice et apporte une vraie source d'énergie ! Désormais il n'y aura plus aucun ravitaillement où je ne marcherai pas, je sais que c'est à ce prix là que je ne craquerai pas définitivement et arriverai à maintenir une allure correcte.








Ca sent la Finish Line !


Cette boucle qui aura été sans aucun doute la plus dure de la journée m'amène tant bien que mal vers la 4ème et dernière ! Et c'est bien le plus important. Un regard au chrono me confirme que les 10h50' sont jouables mais il ne faut pas craquer. Je pars donc regonflé à bloc après avoir croisé depuis un moment déjà Clément qui arborait déjà ces fameux 3 bracelets autour du bras, c'est bientôt à mon tour de récupérer ce chouchou rouge tant attendu. La concentration (si si) est des plus importantes car j'ai toujours cette crainte de craquer d'un coup, à n'importe quel moment et même s'il ne reste que 10km à parcourir... on peut perdre beaucoup de temps si on se met à marcher !




J'ai l'impression sur le dernier "aller" d'accélérer mais les chiffres me font mentir puisque je parcours les 5,3 avant derniers km à une allure de 5'46"/km soit à la même allure que depuis que j'ai récupéré de mon coup de moins bien.
En revanche après un kilomètre dans la dernière (longue) ligne droite, je suis désormais sûr qu'il ne peut plus rien m'arriver et décide donc de procéder à une vraie accélération. Je me cale sur la "file" de gauche et double un nombre incroyable de concurrents, évidemment beaucoup qui ne sont pas dans leur dernière boucle mais quelques uns quand même ont eux aussi le chouchou rouge au poignet ! Ce seront finalement les 5 kilomètres les plus durs de la journée et de loin, mais grisé voire euphorique par l'idée d'en avoir presque fini  je repousse la douleur et essaie de visualiser l'arche d'arrivée. Elle est encore loin et me trompe à plusieurs reprises en pensant la voir plus proche qu'elle ne l'est en réalité.
Les émotions ne sont pas finies puisqu'au moment où je reviens sur un énième athlète je m'aperçois que c'est Hervé que je suis en train de doubler ! Il reste moins d'un kilomètre, si content de comprendre que nous allons passer la ligne d'arrivée ensemble : je crie ! Il me dit qu'il ne peut pas faire l'effort pour suivre mon rythme mais finalement si ! Quelques secondes encore (dures, très dures) et nous foulons le tapis bleu qui nous mène sous l'arche pour vivre cet instant magique et passer la ligne en 10h48'07" (avec un marathon en 3h50') !






Quelques images de la dernière ligne droite


Parfois ridicules... mais tellement heureux !



 

 


Des moments définitivement inoubliables


Franchement, je ne pensais pas ressentir un tel sentiment "d'accomplissement" une fois la ligne franchie. Le chrono est inespéré et ce qui est fou est de se rappeler à quel point je rêvais encore quelques mois auparavant (et même le matin même) de l'Ironman et de chronos de cet ordre. C'est désormais chose faite, Clément et CE sont là pour nous accueillir, CE arrivé quelques minutes plus tôt en 10h36'12". Les embrassades sont plus que marquées et nous allons assez vite dans la zone d'after finish pour se ravitailler un peu et profiter tout simplement ! On est comme sur un nuage, tous enchantés de notre perf' (Hervé peut-être un peu moins mais il reviendra plus fort !). C'est que du bonheur, on se sent légers et heureux !

L'organisation au TOP jusqu'au bout nous permet de rapidement récupérer nos affaires et vélos, t-shirt et médaille de finisher autour du cou évidemment.
Un retour à l'appart en vélo presque sans courbature puis une bonne douche qui s'impose quand même.


En pleine forme... en apparence


Voici ensuite venue l'heure de la tant attendue pizza, on y pense depuis de nombreux jours à celle-ci et finalement il fallait un peu s'y attendre la soirée fera un petit flop. CE s'endort quasiment à table et nous sommes tous très fatigués, une fatigue non pas musculaire mais générale comme si nous n'avions pas dormi depuis 48h. Nous n'apprécierons d'ailleurs pas énormément le repas.

Le lundi c'est un peu pareil, une dernière petite visite au Village Expo et nous sommes sur les rotules juste en marchant. La soirée Heroes Night du lundi soir restera elle aussi un grand moment, ambiance énorme et toujours très sympa de profiter d'une proximité si grande avec les champions de notre sport. La nuit qui s'en suivre sera encore chaotique : trop chaud, trop "énervés", fatigués mais impossible de s'endormir... pas facile la vie après un Ironman.



Sur le podium !!! ;)

Il faudra en fait plusieurs jours avant de se sentir à nouveau en pleine forme, après deux bonnes nuits cela commence à aller un peu mieux. Vendredi je tente un petit footing, impossible d'avancer et les 10km sont très longs : j'avance moins vite que sur mon marathon. Même sensations encore samedi au cours d'une simple balade dans les calanques où je me sens sans aucun jus. Bref, un Ironman ça laisse des traces plus profondes qu'on ne veut le croire dans un 1er temps, retour progressif sur le vélo prévu cette semaine.




Quelques images supplémentaires en musique...





Les résultats

Clément : 10h20'14"
CE : 10h36'12"
Hervé : 10h48'07"
PH : 10h48'07"


Merci encore à toux ceux qui nous ont encouragé dans cette aventure !




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